EDITO

Souveraineté numérique : La reconquête est-elle possible ?

Concept encore flou, voire abscons il y a encore quelques mois, la souveraineté numérique est aujourd’hui devenue une véritable préoccupation pour nos entreprises, notre Etat et pour un nombre chaque jour plus grand de citoyens inquiets de découvrir à quel point leur vie privée l’est de moins en moins.

Bien sûr, Snowden est passé par là avec son cortège de révélations à chaque fois plus effarantes, où l’on voit les services d’un Etat de droit organiser un véritable pillage de données au profit de ses acteurs économiques. Puis, il y a eu la prise de conscience de la montée de l’impérialisme de ces plateformes qui proposent de merveilleux services mais qui semblent vouloir asservir ceux qui s’en servent ou, pire, en dépendent. Phénomène qui a depuis peu un nom : « l’uberisation », en référence à la célèbre plateforme de réservation de taxis en ligne Uber.

Pourtant, nous y avions cru à ce « printemps du partage » qui nous promettait un monde nouveau où l’ancien capitalisme céderait enfin la place à une économie sans intermédiaire et plus durable. Le rêve s’est aujourd’hui mué en une réalité moins idyllique qui pourrait bien virer au cauchemar, où les géants de l’internet ont conquis des positions de monopoles mondiaux et dont la puissance financière dépasse tout ce que l’on a connu jusqu’à présent.

Notre pays semble cependant ne pas être loin d’une prise de conscience collective et jusqu’au plus haut niveau de l’Etat, de ce qui est en train de se nouer et de la nécessité de considérer avec moins de naïveté les risques inhérents à un manque de maîtrise des technologies et de l’exploitation incontrôlée, ou justement très contrôlée par des organisations incontrôlables, de nos données. Une prise de conscience qui devra déboucher sur un système juridique de régulation que nous sommes, en France, parfaitement capables de concevoir et de promouvoir dans le monde entier, associé à la recherche d’une indépendance technologique de nos infrastructures numériques et de nos moyens logiciels. La souveraineté numérique ne serait plus, dès lors, un moyen de protection contre une menace extérieure, mais un réel instrument de conquête au service de la croissance et de l’emploi dans notre pays et ses territoires.

L’ambition de ces deuxièmes Assises de la Souveraineté Numérique sera d’y contribuer.

JM

Jacques Marceau

Président d’Aromates

Fondateur des Assises de la Souveraineté Numérique